Peurs et Phobies | Partie 2

A quel âge apparaissent les premières peurs ?

peurs et phobies

Chez le nouveau-né on ne peut pas parler de peur tant qu’il n’y a pas d’identification réelle ou imaginaire d’un danger. En revanche, le bébé éprouve des sensations désagréables de détresse, d’effroi ou d’angoisse lorsque son équilibre physique ou physiologique se trouve perturbé. Les premières émotions s’enracinent dans l’expérience sensorielle et la motricité : un changement de posture, un bruit soudain peuvent créer une détresse intense. Le bébé n’ayant pas dans les 1ers mois le sentiment de son intégrité, il vit dans un équilibre toujours précaire et le moindre changement peut lui donner le sentiment de tomber, de se désintégrer, de ne plus être protégé. Les ruptures répétées sont supportables par le bébé lorsqu’il trouve dans son environnement des conditions qui assurent sa continuité, le sentiment d’être entouré, porté, contenu.

En effet, pour le nourrisson, ce qui compte c’est de conserver un environnement familier dans lequel il se sente en sécurité car il y trouve des repères stables et continus qui lui permettent de vivre des expériences répétitives nécessaires à l’intégration de ses sensations. Ce n’est que dans un second temps qu’il pourra s’aventurer pour découvrir et apprivoiser son environnement, d’abord immédiat puis plus lointain. C’est ainsi qu’entre proximité et distance, présence et absence, étrange et familier se glisse l’espace des peurs enfantines bordées de la peur de la nouveauté à la peur de la séparation. Il doit apprendre à maîtriser ce milieu inconnu, en fait toutes les premières peurs sont liées à la personne d’attachement et à la peur de la perdre.

C’est par l’expérience et la maturation que le tout petit va s’initier à la connaissance, accompagné par tout ceux qui le protège et le sécurise, mais qui dans le même temps le renseignent par leur gestes, expressions, mots sur les aspects encore inconnus et dangereux du monde. Les parents et l’entourage vont transmettre consciemment et inconsciemment des croyances plus ou moins rassurantes à l’enfant qui vit dans cette 1ère année l’apprentissage de son environnement.

A partir de un an, apparaît la peur des animaux, de l’eau, des grosses choses : du bruit des aspirateurs, par exemple, ou des sirènes d’ambulance. Les enfants sont aussi très marqués par les inconnus. En fait, par tout ce qui est nouveau et incongru. Par exemple, le premier contact avec le Père Noël, pour un enfant, peut provoquer de la peur, pour la simple et bonne raison qu’il ne ressemble pas à ce qu’il connaît et qu’il est anormalement familier avec eux. Viennent ensuite les peurs liées à l’imaginaire et les peurs culturelles : le noir, les monstres, les fantômes et le loup.

La peur de la nuit, la peur de se coucher, la peur des monstres, c’est entre 3 et 6 ans. L’enfant n’a aucune autonomie par rapport à ses parents. Il vit donc dans une angoisse de solitude, d’abandon. Il a peur du noir parce qu’il redoute tout ce qui lui fait perdre ses repères familiers. L’enfant est en prise directe avec son imaginaire : il s’invente des histoires, des dangers potentiels…

Nous avons besoin de maîtriser la peur. Et les enfants l’apprennent, car il ne faut pas chercher à fuir la peur mais apprendre à savoir la maîtriser. Il faut être courageux. Et le vrai courage est d’agir malgré sa peur. Se faire peur avec des histoires invraisemblables, c’est chercher à savoir si on est capable, tout en prenant du plaisir. Une explication neurobiologique avance une thèse comme quoi certains circuits du cerveau reliraient peur et plaisir.

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